Villers-Saint-Paul va devenir la plus grande poubelle de l’Oise !

Un incinérateur qui tournera à plein régime fin 2018, un centre de traitement des déchets encore plus grand début 2019, un projet d'usine de méthanisation dans un site déjà classé SEVESO... Les élus du département de l'Oise s'accorderaient-ils pour faire du site industriel de Villers-Saint-Paul la plus grande poubelle de l'Oise ?

 

Créée en 1917, la Plateforme Chimique de Villers Saint-Paul a vocation à accueillir la chimie industrielle multi-exploitants. Elle comprend principalement la société ARKEMA dont le cœur de métier est la production de résines photoréticulables qui relève de la réglementation Seveso seuil haut.

Situé dans la Communauté d'Agglomération Creilloise, depuis quelques années le site est  devenu un lieu convoitise pour y stocker, incinérer et recycler les immondices du département de l'Oise dont personne ne veut sur son propre territoire.

 

Une usine de méthanisation à Villers-Saint-Paul : un projet qui ne sent pas bon !

Source d' inquiétude pour les années à venir pour les riverains des communes de Villers, Verneuil-en-Halatte, Brenouille et Rieux ; un « technocentre régional de méthanisation » devrait voir le jour en 2019 à Villers.  En effet, afin de pouvoir composer avec le conseil régional des Hauts de France, devenu plus puissant, la Communauté d'agglomération du Beauvaisis s'est associée avec les villes de Creil et de Compiègne pour créer un pôle métropolitain de l'Oise (PMO).

Un protocole d'accord a été signé le 9 décembre 2016 pour la création du PMO comprenant les agglomérations de Beauvais, Creil et Compiègne (C.Cayeux JC.Villemain, P.Marini)

De cette union sont nés des projets en commun sur des sujets divers tels que la culture, l'enseignement, les transports, mais aussi une candidature (Projet PrimVert) pour construire sur le site de Villers-Saint-Paul, une usine de méthanisation qui devrait produire 625 000  mètres cubes de biométhane, provenant de l'épuration du biogaz issu de la fermentation de matières organiques, qui serait ensuite injecté dans le réseau de gaz de l’agglomération Creilloise (ACSO).

Les habitants de Creil et des communes voisines pourraient alors avoir de très mauvaises surprises en subissant, selon les vents, les odeurs pestilentielles qu'engendre ce type d'usine.

 

 

Un centre de tri Paprec, encore plus grand et avec plus de déchets, va voir le jour à Villers-Saint-Paul fin 2018.

À l’horizon 2019, un méga centre de tri verra le jour et sera capable de traiter la totalité des déchets recyclables produits par l'ensemble des habitants de notre département.  Dans quelques mois, le centre de Villers-Saint-Paul doublera sa surface, en partie dans les bâtiments actuels, avec de nouvelles machines, plus modernes et performantes. Il deviendra alors un des quatre sites français les plus en pointe pour le traitement des déchets recyclables.

La société Paprec a été choisie, après appel d’offres, pour gérer le site. Le centre automatisé bénéficiera de 19 machines de tri optique et des dernières innovations en matière de tri des déchets.  Un investissement chiffré à 35 millions d’euros. C'est là que seront triés l'ensemble des déchets générés chaque année par les  821 552 habitants de notre département.

 

 

 

Le centre d'incinération des déchets de Villers-Saint-Paul tournera à plein régime fin 2018 !

Depuis le printemps 2017, c'est avec insistance que nous avons tenté de filmer un sujet sur le site de traitement des déchets et incinérateur de Villers-Saint-Paul, et ce sans succès malgré notre insistance depuis plusieurs mois et de nombreux appels auprès des services des relations presse. Nous avons profité d'une visite public pour faire notre métier de journaliste, caméra en main. Aussitôt prévenue de notre présence la direction de la communication nous a interdit de filmer, voire d'enregistrer la visite avec un portable et notre équipe a été alors invitée à quitter rapidement les lieux. Après quelques échanges, nous finissions finalement par visiter le centre, mais cette fois sous bonne escorte en présence de monsieur Olivier Clisson le directeur du site d'Esiane.

Selon eux "les questions que nous voulions poser au directeur du site Esiane, étaient clairement dirigées et consistaient surtout à trouver une faille dans les installations. Il n'y était donc à priori pas favorables.

Notre demande avait pourtant été pourtant bien formulée : filmer dans l' établissement, pour en connaître son fonctionnement. Les gestionnaires du site ont-il quelque chose à cacher ?

Alors, qu'est-ce qui se cache dans cet établissement qui traite et brûle les déchets de milliers de foyers isariens ? Qui sont celles et ceux qui y travaillent, et dans quelles conditions ? La manipulation et le stockage des déchets posent-t-ils des problèmes de santé et de sécurité ? Autant de questions qui se trouvent aujourd'hui sans réponses.

L'incinérateur de Villers-saint-Paul

Situé dans le site industriel de à Villers-Saint-Paul, avenue Frédéric et Irène Joliot Curie, dépendant du Syndicat Mixte de la Vallée de l'Oise SMVO, l'incinérateur est géré par la société Esiane qui regroupe Novergie (Suez) et Tiru. Sa capacité règlementaire annuelle de traitement de déchets ménagers est de 173 250 tonnes.

Ses deux énormes fours, avalent chaque jour et incinèrent plus de 10 tonnes de déchets par heure et crache des fumées de vapeur filtrée 24h/24. La combustion des ordures ménagères résiduelles, des déchets industriels banals et autres émanents des encombrants des déchetteries permet de produire de l'énergie pour alimenter le réseau de chauffage urbain de Nogent-sur-Oise, de couvrir les besoins propres du site. La fraction restante est exportée vers l'usine Arkéma,  le Réseau de Transport d’Électricité (RTE).

Tous les jours, le Centre de Traitement Principal réceptionne soit par camions (pour les communes voisines), soit par train, la collecte des déchets ménagers et des collectes sélectives de l’ensemble des habitants du territoire ainsi que les encombrants des déchetteries.

Un train par jour circule sur les voies ferrées, via les 4 quais de transfert pour arriver à la plateforme ferroviaire de Villers-Saint-Paul. Ainsi, plus de 63 % des déchets ménagers sont transportés par le train. Seuls les déchets collectés en porte à porte dans les communes situées autour du Centre de Traitement Principal sont transportés par camion.

 

En cas d'incendie, le stockage des déchets représente-t'il un danger pour la population locale ? La question reste sans réponse seule l'actualité témoigne de la précarité des installations et des incidents à répétition.

 

Le dimanche 1 avril, vers 20h40, un nouvel incendie s'est déclaré à l’usine de recyclage PAPREC, située dans la zone industrielle de Brenouille-Pont-Sainte-Maxence. Le sinistre n' a pas fait de blessé. Les flammes ont touché un bâtiment de plus de 700 m2 de 5 mètres de hauteur. 80 pompiers et 15 engins de secours ont été mobilisés.  C'est le deuxième important incendie de ce type en l'espace de deux ans.

 

En 2016, un important incendie s'était déclaré dans l'usine de stockage Paprec de Pont-Saint-Maxence. 8000m² d'un entrepôt contenant des déchets électroniques et plastiques était réduit en cendre. Le sinistre avait rejeté une fumée épaisse dans l'air des alentours.  Quatre salariés parmi la cinquantaine qui travaillaient sur place avaient été intoxiqués par les émanations.

 

Le confinement des centres de stockage est-t'il suffisant ?

Chez PAPREC à Pont-Sainte-Maxence comme le démontre la photo prise par Oise Média en 2016, certains déchets s'exposaient à ciel ouvert. Depuis l'incendie, des dômes ont été édifiés, mais... Est ce suffisant ?

Le site est-t'il dangereux pour la santé publique? 

Les conditions de confinement semblent parfois insuffisantes. Certains déchets peuvent répandre des contaminants chimiques et microbiologiques dans l’environnement par infiltration ou formation de biogaz. Plus on descend en taille de particules, plus on rentre dans le corps humain et plus l'impact peut être important en termes sanitaires.

Ce phénomène peut entraîner également la pollution des ressources en eau (par ruissellement d’eau de lessivage vers les cours d’eau voisins, etc.), la pollution de l’air (par dégazage de composés organiques volatils, par envol de débris et poussières emportés par le vent ou transportés par les animaux, etc.).

 

Les effets importants sur la santé !

Selon un rapport publié le vendredi 20 octobre 2017 dans la revue "The Lancet", un décès sur six survenu en 2015 dans le monde était lié à la pollution, c'est "trois fois plus de morts que le sida, la tuberculose et le paludisme réunis, et 15 fois plus que ceux causés par les guerres et toutes les autres formes de violence", comme l'indique la  revue scientifique médicale britannique .

La pollution de l'air est responsable à elle seule de 6,5 millions de décès chaque année, principalement à travers des maladies non transmissibles comme les maladies cardiaques, les AVC, le cancer du poumon et la broncho-pneumopathie chronique obstructive BPCO.


La pollution de l'air à Creil
Selon un le plan de protection de l’atmosphère (PPA) de la région de Creil, depuis 2011, la région de Creil connaît des dépassements fréquents des valeurs limites réglementaires, notamment des particules fines PM10 (matières particulaires en suspension, de diamètre inférieur à 10 micromètres). Celles-ci sont particulièrement nocives pour la santé. Les relevés des émissions de polluants atmosphériques réalisés sur la zone du PPA de Creil par ATMO Hauts-de-France montrent que les émissions de PM10 sont majoritairement issues des secteurs résidentiel, tertiaire (95 % étant dues au chauffage), industriel et des transports.

 


Incendie PAPREC à Pont-Sainte -Maxence dégageant des produits toxiques.

 

Photos-vidéos  :  ©  Oise Média 2016-2018
SDIS -PAPREC-SMVO

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Créé en 1917, la Plateforme Chimique de Villers Saint-Paul a vocation à accueillir la chimie industrielle multi-exploitants. Elle comprend principalement la société ARKEMA dont le cœur de métier  est la production de résines photoréticulables. L'unité de production exporte l'équivalent de 7 000 camions de produits et 90 000 fûts et conteneurs GRV par an. Elle relève de la règlementation Seveso seuil haut.

Les effets engendrés par l'activité de cette société (effets thermiques, surpression et    toxiques) sortent des limites de propriété de l'établissement et impactent les communes de Villers-Saint-Paul, Verneuil-en-Halatte et Rieux.

 

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