Partout la pénurie guette, qui oblige la SNCF à supprimer des dizaines de liaisons, faute de conducteurs. Les TER sont à cet égard en première ligne, si l’on peut dire, de cette déshérence, notamment en Île-de-France où 40% de ceux qui y travaillent n’y habitent pas et où 50% des conducteurs attendant une mutation. Mais les Hauts-de-France, PACA où la Nouvelle-Aquitaine ne sont guère mieux loties. La SCNF a fini par s’en apercevoir : elle veut recruter au plus vite 1.000 nouveaux conducteurs et les mettre en formation dès l’an prochain.
Comment expliquer ce déficit soudain de conducteurs ? C'est bizarre, car le mythe est toujours là. Même ceux qui n’ont jamais vu Jean Gabin dans La Bête Humaine le savent : ils sont 60.000 à postuler chaque année pour prendre les manettes d’un TGV. Le problème, c’est qu’ils sous-estiment largement les compétences et les capacités requises pour le job.
La formation dure douze mois. Il faut avaler 1.000 pages d’informations techniques et de sécurité, être en bonne condition physique et solide psychologiquement. Il faut accepter les horaires décalés et le travail le week-end. Du coup, au terme de cet écrémage, les lauréats demandent de plus en plus souvent à travailler à temps partiel. Ce qui alimente la pénurie de conducteurs.
Les salaires sont attractifs, et la carrière, assurée. Il serait incompréhensible de ne pouvoir séduire 1.000 nouveaux conducteurs. Notamment des jeunes femmes, qui sont la cible privilégiée de la SNCF. Elles sont rares parmi les 14.000 titulaires, alors qu’elles ont toutes les capacités pour réussir dans cette profession. Dans l’immédiat, et pour pallier la mauvaise anticipation de ces départs très liés aux réformes récentes, la SNCF bricole en offrant des prolongations à ses agents sur le point de partir en retraite.