François Hollande : les derniers vœux du président de la République

"Ce soir, c'est la dernière fois que je vous présente mes vœux en tant que président de la République". François Hollande a prononcé, ce 31 décembre, le dernier discours de bonne année de son mandat, à l'adresse des Français. Au cours de ses vœux, travaillés depuis le milieu de la semaine, le président sortant a d'abord rendu hommage aux victimes du terrorisme, de "Nice, Magnanville, Saint-Étienne-du-Rouvray". Il a également pris soin de mettre garde contre le FN et contre l'extrémisme en général, en affichant notamment son opposition à Donald Trump.

François Hollande est ensuite brièvement revenu sur le bilan économique du pays. Malgré son effacement dans la campagne pour la prochaine présidentielle du fait de sa non-candidature, François Hollande a décidé d'impliquer les Français dans la campagne, en leur disant de penser, entre autres, à l'avenir du service public pour leur choix électoral. Celui-ci a clairement réaffirmé son opposition à la droite et à l'extrême-droite, sans pour autant évoquer de préférence pour l'un des candidats de la primaire de la gauche, qui se déroulera les 22 et 29 janvier. "J'ai eu l'immense fierté d'avoir été à la tête d'un peuple debout", a-t-il déclaré pour conclure son allocution.

1. Hollande, le protecteur de la Nation

"Notre pays a été frappé par de terribles attentats." Le début du discours de François Hollande a été consacré aux attaques terroristes perpétrées en France en 2016, à Nice, Magnanville et Saint-Étienne-du-Rouvray. Le président a adressé ses "pensées aux victimes aux familles". "Il me revient, avec le gouvernement de Bernard Cazeneuve, d'assurer votre protection. J'y consacre tous les moyens nécessaires", a-t-il ajouté, poursuivant avec un "hommage aux gendarmes, policiers, militaires" mobilisés pour assurer la sécurité des citoyens. François Hollande s'est adressé à de nombreuses reprises directement aux Français. "Vous avez montré que vous étiez plus forts", leur a-t-il lancé, dans un discours mettant en avant la puissance de la France dans sa "lutte contre la barbarie" et sa capacité à rassembler. "Lorsque nous sommes attaqués, le monde entier est à nos côtés", s'est-il félicité.

2. Un déplacement en Irak le 2 janvier

Pour asseoir sa stature de chef de guerre, François Hollande a profité de ce dernier discours de 2016 pour annoncer qu'il se rendrait lundi 2 janvier en Irak afin de "saluer" les soldats français, dans un pays une nouvelle fois ensanglanté samedi 31 décembre par un attentat qui a fait une trentaine de morts sur un marché de Bagdad. "Nous n'en avons pas terminé avec le fléau terrorisme" qu'il "nous faudra continuer à combattre", a averti samedi soir le chef de l'État. "C'est le sens de nos opérations militaires au Mali, en Syrie, en Irak où je me rendrai après-demain pour saluer nos soldats", a-t-il poursuivi. Sécurité oblige, le programme de la visite du chef de l'État n'a pas été précisé par l'Élysée. François Hollande avait effectué sa première visite en Irak deux ans plus tôt, le 12 septembre 2014, promettant alors un concours militaire accru de la France dans la lutte contre l'organisation État islamique (EI).

3. "Les résultats sont là"

Contrairement à ses précédentes allocutions, François Hollande s'est peu étendu sur le bilan économique et social de son mandat, qu'il défendait jusque-là bec et ongles. Il est passé relativement vite sur les réformes "les résultats arrivent, plus tard que prévu, mais ils sont là", a-t-il affirmé. François Hollande a revendiqué ses choix mais adressés les succès aux Français, "ce sont les vôtres", une baisse du nombre de demandeurs d'emplois. Invite les Français à penser à l'avenir des services publics, à celui de l'école et à la transition énergétique.

4. Fillon et le FN, cibles de Hollande

François Hollande a mis en garde, sans citer le nom de Marine Le Pen, contre une victoire du Front national à la présidentielle, en estimant que "ce ne serait plus la France". Il s'en est également pris au candidat de la droite, François Fillon, accusé de vouloir "brutaliser la société". "La France, elle est ouverte au monde, elle est européenne, elle est fraternelle. Comment imaginer notre pays recroquevillé derrière des murs, réduit à son seul marché intérieur, revenant à sa monnaie nationale, discriminant ses enfants selon leurs origines", a-t-il lancé lors de son allocution. "Mais ce ne serait plus la France !", a-t-il lâché.

"En cette fin d'année, ce que nous croyons acquis, parfois pour toujours, la démocratie, la liberté, les droits sociaux, l'Europe et même la paix, tout cela devient vulnérable, réversible. On l'a vu au Royaume-Uni avec le Brexit et aux États-Unis lors de l'élection du mois de novembre. On le voit sur notre continent, à travers la montée des extrémismes", a-t-il mis en garde.

5. Une adresse directe à Donald Trump

François Hollande a averti Donald Trump que "la France ne laissera personne, ni aucun Etat, fût-il le plus grand, remettre en cause" l'accord de Paris sur le climat, samedi lors de ses voeux télévisés du Nouvel An.
"Je vous l'affirme, la France ne laissera personne, ni aucun Etat, fût-il le plus grand, remettre en cause cet acquis majeur de la communauté internationale", a déclaré le chef de l'Etat, dans un message direct au président élu des Etats-Unis qui avait naguère menacé "d'annuler" l'accord adopté fin 2015 par 195 pays, à l'issue de la COP21. Invoquant le "crédit" de "la parole de la France pour porter de grandes causes", François Hollande a ainsi pris l'exemple de la "lutte contre le réchauffement climatique". "Rappelez-vous, c'est à Paris qu'un accord historique a été conclu", a poursuivi le président de la République.

6. François Hollande met en garde la gauche

"Dans à peine cinq mois, vous aurez, mes chers compatriotes, à faire un choix. Il sera décisif pour la France. Il en va de son modèle social auquel vous êtes attachés car il garantit l'égalité de tous face aux aléas de la vie et notamment la santé, il en va de ses services publics, essentiels, et notamment l'école de la République, là où beaucoup se joue", a dit le chef de l'État. Dans le scrutin présidentiel, il en va surtout "de nos valeurs", a-t-il insisté.

S'adressant aussi à son propre camp, une gauche aujourd'hui très divisée, François Hollande, qui a renoncé il y a tout juste un mois à briguer un second mandat, a appelé à "écarter la dispersion de certaines de nos forces politiques qui entraînerait d'ailleurs leur élimination" au soir du premier tour de la présidentielle. "Mais c'est vous, quoi qu'il arrive, qui aurez le dernier mot. C'est pourquoi votre responsabilité est aussi grande", a-t-il lancé aux Français. François Hollande a également prévenu que, "jusqu'au dernier jour de (son) mandat", il serait "pleinement à (sa) tâche".

AFP/F INFO

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