Insécurité, pollution, économie parallèle… L’orpaillage illégal gangrène la Guyane

Selon France Info, quelque 5 à 10 tonnes d'or sont illégalement extraites du sol guyanais chaque année, selon une estimation du WWF. Cette activité, menée par des hommes parfois lourdement armés, est synonyme d'une "forte insécurité" pour les habitants de Maripasoula, dans l'ouest de la Guyane. Cette commune très enclavée est située le long du fleuve Maroni, à la frontière avec le Suriname. "Dernièrement, les habitants ont constaté, en se rendant dans la forêt, que des sites clandestins s'étaient créés un peu partout", rapporte Lydina Dada, du collectif A No Wi Opo, à franceinfo. Selon cette professeure des écoles, les habitants n'osent plus "s'aventurer dans certaines zones pour chasser ou pêcher".

"Les orpailleurs utilisent les cours d'eau pour transporter du carburant, du mercure ou de la nourriture", ajoute Bérangère Blin, directrice adjointe du Parc amazonien de Guyane (PAG). Sous la canopée, une véritable économie parallèle s'est enracinée. La responsable du PAG évoque "des trafics de drogue" et "de la prostitution", qui s'organisent autour de ces sites miniers.

Le sud de la Guyane et la zone frontière avec le Suriname se transforment en véritable far-west où les règlements de compte sont monnaie courante", renchérit Slate. Les militaires et gendarmes français sont régulièrement confrontés à ces violences. "Il est fréquent que les garimpeiros soient armés et il y a des échanges de tirs ponctuels avec les membres de l'opération Harpie [de lutte contre l'orpaillage illégal], indique l'état-major des armées à franceinfo. Il y a parfois des blessés, comme dans toute opération militaire. Nous prenons ces risques très au sérieux."

Certains affrontements avec les garimpeiros se sont avérés dramatiques. Deux militaires ont été tués lors d'une opération contre un site d'orpaillage clandestin près de Dorlin, sur la commune de Maripasoula, en juin 2012. Deux gendarmes, qui participaient également à cette opération, ont été blessés dans l'embuscade. Manuel Valls, alors ministre de l'Intérieur, avait dénoncé une "volonté de tuer".

Les habitants s'inquiètent aussi de l'impact écologique de cette activité. Pour récupérer le précieux métal, les garimpeiros retournent la terre à proximité des cours d’eau aurifères. La déforestation est anarchique. Une étude de chercheurs de Sinnamary révèle ainsi un "lien très fort entre le cours mondial de l’or et la déforestation liée à l’orpaillage illégal". "Lorsque le cours de l’or était en deçà de 400 dollars l’once, voici une quinzaine d’années, environ 2 000 hectares de forêts étaient annuellement abattus par l’orpaillage, explique Camille Dezécache, auteur de l’étude, à La Croix. Quand il a flambé, pour atteindre 1 600 dollars l’once en 2011-2012, la déforestation a touché près de 9 000 hectares par an."

Sans compter la pollution au mercure, dont les garimpeiros se servent pour amalgamer l’or. L'utilisation de ce métal lourd est, en théorie, interdite depuis 2006. Mais il est employé en grande quantité dans les exploitations clandestines, avant d’être rejeté dans les cours d’eau. La concentration en mercure du sol guyanais est ainsi huit fois supérieure à celle de la métropole, précise Slate. Les poissons sont également contaminés.

Pour faire face à ces problèmes, l’Etat français s’est engagé dans la lutte contre l’orpaillage clandestin dès 2008. Dans le cadre de l’opération Harpie, l'armée, les gendarmes et la police aux frontières collaborent pour repérer les sites illégaux et les démanteler. Sur les 2 100 membres des Forces armées en Guyane (FAG), quelque 300 à 400 militaires sont affectés en permanence à cette mission. AFP

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